Le projet dénommé ARTPRENA a fait ce week-end des heureux. Quatre mois après un appel à candidatures pour sélectionner une centaine de professionnels du secteur culturel et créatif, les résultats sont tombés. La curiosité aidant, la Rédaction de Lomé Infos s’est approché de la voix la plus autorisée pour parler de ce projet et évoquer ses tenants et aboutissants. Nous nous sommes adressés à M. Jean-Luc Gbati SONHAYE, Chef du Projet ARTPRENA (ART POUR LA RECONCILIATION NATIONALE).

Bonne lecture !

LoméInfos : Artprena est un projet appuyant les hommes de médias, les artistes entre autres dans le but de tendre vers une concrétisation de la réconciliation nationale. Dites-nous, qu’est-ce qui a motivé la mise en œuvre d’un tel projet?

Jean-Luc Gbati SONHAYE : Le projet ARTPRENA qui littéralement signifie ART POUR LA RECONCILIATION NATIONALE vise à amener les professionnels du secteur culturel et créatif, les professionnels de la communication et des médias, les décideurs administratifs et politiques ainsi que les jeunes des partis politiques à prendre part à la mise en œuvre des recommandations et du programme de réparations élaborés par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). Il s’agit de faire participer tous ces acteurs au processus de réconciliation de notre nation.

Il s’agit plus spécifiquement :
D’une part, de faire prendre conscience aux acteurs culturels et de la communication ainsi qu’aux jeunes des partis politiques de leurs rôles et de leurs responsabilités respectifs dans le processus de réconciliation nationale.
D’autre part de permettre à ces acteurs d’initier et de de proposer des actions adaptées en vue d’encourager, dans leurs faits et actes, les décideurs administratifs et politiques ainsi que les partis politiques à la mise en œuvre des recommandations de la CVJR.

Le projet ARTPRENA est prévu pour durer 36 mois et couvrir toute l’étendue du territoire national, à travers les chefs-lieux des six (06) régions administratives du Togo (Région de Lomé-Commune, Région Maritime, Région des Plateaux, Région Centrale, Région de la Kara et Région des Savanes).

Le projet ARTPRENA s’adresse à quatre catégories de groupes cibles :

1. La première catégorie concerne les professionnels du secteur culturel et créatif (artistes musiciens, conteurs, griots, chanteurs, humoristes, écrivains, cinéastes, artistes plasticiens, sculpteurs, comédiens, Slameurs, etc.) ;
2. La deuxième catégorie concerne les professionnels de la communication et des médias (journalistes, blogueurs, activistes des réseaux sociaux, etc.) ;
Ces acteurs sont de véritables véhicules de toutes informations et connaissances de la société mais aussi le moyen le plus approprié pour faire passer le message au sein de ladite société.
A ce titre, pour ce projet, ils seront les acteurs du volet dissémination et vont jouer un rôle important dans la diffusion des résultats du projet et dans la facilitation de l’appropriation et la valorisation des pratiques en matière de mise en œuvre des recommandations et du programme de réparations élaborés par la CVJR.
3. La troisième catégorie concerne les jeunes des partis politiques
Ils constituent la relève politique et jouent un rôle considérable dans les prises de décisions et les actions des partis politiques de par leur leadership.
Dans le cadre de ce projet, ils seront des acteurs qui vont inciter et faciliter les réformes institutionnelles au sein des partis politiques.
4. La quatrième catégorie concerne les décideurs administratifs et politiques
Ce sont essentiellement les cadres de l’administration publique et des collectivités territoriales, les parlementaires et les dirigeants des partis politiques.
De par leur rôle et leur responsabilité en matière d’élaboration des politiques, des normes juridiques et législatives, des stratégies mais aussi de leur mise en œuvre et de leur suivi, ils sont les acteurs idéaux pour jouer, dans le cadre de ce projet, le rôle de facilitateurs et d’acteurs des réformes légales, administratives et institutionnelles des partis politiques.

Ainsi, au moment où notre pays est confronté à une crise sociopolitique émaillée par des tensions politiques et sociales, il est plus que nécessaire que la société civile et les différents groupes sociaux puissent jouer leur rôle dans la facilitation de la mise en œuvre de ce processus de réconciliation nationale tel que recommandé par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR).

 

LoméInfos : Il y a quelques jours, une centaine de jeunes ont été sélectionnés pour prendre part activement à ce projet. Quels sont alors les critères qui expliquent ces choix?

 

La sélection de 50 jeunes artistes et groupes d’artistes et de 50 jeunes professionnels de la communication et des médias entre dans le cadre du processus de mise en œuvre de la première phase du projet. Il s’agit d’identifier et de sélectionner ces jeunes artistes et communicateurs (surtout les activistes des réseaux sociaux et les blogueurs) en vue de les amener à participer à une série d’activités leur permettant de s’approprier les concepts clés autour de la paix, de la non-violence, du vivre ensemble, des droits de l’homme, de la démocratie, etc., indispensables à la réconciliation dans notre pays et de leur permettre de créer des œuvres artistiques (pour les artistes) et de produire des articles et émissions (pour les communicateurs) en vue de leur diffusion sous des formes appropriées sur toute l’étendue du territoire national.

L’appel à candidatures qui a été lancé le 6 juin 2017, a permis d’enregistrer au total 356 candidatures toutes catégories confondues. Le processus de sélection a permis de retenir au total 100 candidats sur toute l’étendue du territoire national (50 artistes et groupes d’artistes et 50 professionnels de la communication et des médias). La liste des candidats retenus par région est disponible sur le site de l’Association Heinrich Klose (http://www.fondation-heinrich-klose.org/new/?p=537).

Les critères de sélection ont été basés sur :

– La motivation du candidat ;
– La pertinence du dossier de candidature (expérience, qualité artistique ou des productions, etc.) ;
– L’engagement civique du candidat ;
– La région de provenance ou dans laquelle le candidat exerce son activité.

 

LomeInfos : Selon vous, quel sera l’après Artprena? Autrement dit, quel suivi sera fait de différentes actions entreprises?

Le projet ARTPRENA est conçu pour durer dans le temps même après la fin du financement de L’Union européenne qui reste le principal bailleur.

Plusieurs mécanismes sont prévus afin d’assurer la durabilité du projet après son achèvement en 2019. Entre autres mécanismes il est prévu la mise en place et l’opérationnalisation des regroupements sociaux et professionnels qui devront prendre le relai du suivi des actions en faveur de la réconciliation nationale sur le terrain.

1- Nous savons que le projet a été financé en majeure partie par l’Union Européenne. Comment êtes-vous arrivés à gagner la confiance d’un partenaire de cette envergure ?

Le projet ARTPRENA est financé à 85% par l’Union européenne à travers l’« Instrument Européen pour la Démocratie et les Droits de l’Homme » (IEDDH) à la suite d’un appel à propositions et est mis en œuvre par l’Association Heinrich Klose et ses partenaires que sont l’Association Filbleues et la Coalition Togolaise pour la Diversité Togolaise (CTDC).

Le projet ARTPRENA fait partie des projets qui ont été sélectionnés à cet effet. Nous travaillons depuis lors pour mériter la confiance et atteindre les objectifs du projet.

 

LomeInfos :Un mot pour la jeunesse togolaise?

La jeunesse togolaise est pleine de vie et de richesse. Elle est la première richesse de notre pays. Je l’exhorte à utiliser au maximum son talent, son intelligence et sa force dans l’intérêt supérieur de notre nation. A faire siennes les valeurs civiques et citoyennes et à aspirer au bonheur collectif.

 

 

 

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