Après les singles comme « et encore », « Vivre là-bas », « Toukada » et autres, sorties entre 2006 et 2010, et qui ont passé en boucle sur les médias audio-visuels du Togo, Oneil Biatti est de retour en studio depuis ce mois de juin 2013 pour préparer la sortie de son premier album. En attendant la sortie, prévue courant le deuxième semestre de 2014, de ce produit dont l’enregistrement se fait chez Mix Box, nous sommes allé à la rencontre de l’artiste qui a bien accepter de se confier à notre rédaction.

Pouvez-vous nous dire comment vous êtes venu à la musique ?

Je suis entré dans la musique dès l’âge de 7 ans quand mon père, chef d’orchestre de son état, a engagé un professeur de piano pour m’initier. Ensuite, à l’église comme à l’école, J’ai participé à beaucoup de manifestations qui m’ont permis de m’essayer sur scène et d’y prendre goût. La suite c’est une longue histoire qui continue.

Pourquoi avoir attendu aussi longtemps après ces singles avant de retourner en studio. Ce silence est dû à quoi ?

J’ai pris du recul pour deux raisons : primo, j’ai voulu me professionnaliser et deuxio, trouver le style et le genre musical avec lequel je ferai carrière et qui me permettrait d’exploiter et de valoriser les rythmes de mes aïeux.

A ce jour et malgré moult tentatives, personne n’a pu vous vous faire dire le titre de l’album en préparation. Est-ce qu’on peut l’avoir aujourd’hui en exclusivité ?

Rires… conformément à ma tradition, le nom d’un nouveau né n’est divulgué que le jour de la cérémonie de sortie… Ainsi donc vous découvrirez le nom de mon premier bébé, entendez par le titre de l’album, à sa sortie.

Peut-on au moins connaitre la signification de Oneil Biatti et pourquoi avoir choisi un tel nom ?

Oneil Biatti veut dire: mes bons souvenirs d’enfance et ma passion. Je vous explique : mes bons souvenirs d’enfance sont ces moments fabuleux que j’ai passé au lycée où mes amis m’ont surnommé Oneil sur le terrain de basketball. En mémoire de cela j’ai gardé mon surnom Oneil. Quant à Biatti, qui veut dire dans ma langue maternelle « demande au bois », cela me vient de mon instrument fétiche : la guitare, ce merveilleux instrument dont la caisse est toujours taillé dans le bois, et qui fertilise mon inspiration. Dès que j’ai ma guitare entre les mains, l’inspiration vient…

En tant qu’artiste de la musique togolaise. Quelle image vous faites-vous de la musique du terroir ?

Pour moi la musique togolaise est une musique très riche surtout lorsqu’elle s’inspire et s’imbibe des rythmes ancestrales… Nous avons les preuves à travers les œuvres de notre Diva, Bella Bello, paix à son âme… qui a composé des morceaux aujourd’hui vieux, mais qu’on écoute toujours avec le même plaisir.

Les artistes togolais luttent aujourd’hui pour la création d’une identité musicale. On reconnait la Côte-d’Ivoire dans le coupé décalé, le Congo dans le Dombolo, l’Afrique centrale dans le soukous. L’identité togolaise peut-elle naitre du Cool-catché ?

Pour moi, identité musicale n’est pas synonyme de musique commerciale… Ce n’est pas forcément en créant une dance ou un mouvement qui ira faire danser tout le monde qui signifie qu’on a une identité. L’identité musicale togolaise existe déjà, c’est sa valorisation et sa promotion qui manquent ainsi que de fervents adeptes et d’ardents défenseurs.

Pour ce qui est d’Oneil, il fait quel type de musique ? Est-ce du zouk, du rap, ou du R’n’b ?

Ni l’un ni l’autre. Mon style est une musique acoustique mélangeant percussions, guitares, piano, et voix. Bref de la world musique.

Nous assistons aujourd’hui à une nouveauté dans notre musique. Il suffit de former deux phrases et d’y ajouter les noms des DJ. : on a un album. Qu’en dites-vous ?

Rires…. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas ! C’est relatif. Si vous aimez la couleur rouge par exemple vous n’avez pas besoin de vous justifier, vous l’aimez un point c’est tout. En réalité chaque artiste a un feeling qu’il veut ressortir ; chaque artiste a un message, une histoire qu’il veut partager et chacun s’exprime à sa manière, la richesse même de l’art c’est la diversité et la liberté qu’a l’artiste de créer et de concevoir sa musique… L’important est que l’artiste puisse communiquer avec son public et le satisfaire.

Les artistes togolais font du bon boulot, mais ont du mal à évoluer comme il se doit. Est-ce un problème de promoteurs culturels ou cela vient des artistes eux-mêmes ?

Sur ce, je dirai que les deux parties ont une part de responsabilité. Mais pour ne pas faire la pie jaseuse là dessus, je dirai tout simplement que partout dans le monde et dans tous les domaines, certains réussissent et d’autres pas. Ce n’est pas particulier au Togo, c’est une question de détermination et de foi ! Eh oui, c’est comment on y croit qui fait la différence.

Un artiste sans producteur peut-il évoluer ?

Aucun artiste n’est né avec une cuillère d’or dans la bouche. Tous ont commencé quelque part et ont eu un producteur par la suite en les attirant et en les convainquant avec leur travail. Je crois qu’un artiste peut évoluer jusqu’a trouver un producteur tout comme un artiste peut opter pour l’autoproduction, le plus important c’est les moyens.

Ce qui veut dire que Oneil Biatti a déjà un producteur ?

Non, je n’ai pas encore de producteur ; jusqu’ici je suis en autoproduction. Réaliser un album acoustique revient très cher puisqu’il faut faire appel à d’autres instrumentistes et musiciens mais par la grâce de Dieu, on avance en attendant de séduire une maison de production très prochainement.

Entre temps Oneil Biatti a partagé une scène en Ethiopie avec le groupe « la Bande du Nil ». Que peut-on retenir ?

Ce fut une expérience très enrichissante pour moi et nous avons gardé de très bonnes relations… ils ont été séduit par ma langue maternel, « l’Ewé » langue dans laquelle j’ai composé les titres que j’ai interprétés à Addis-Abeba, ce qu’ils ont trouvé très fabuleux. Jusqu’ici nous continuons à partager des cours de techniques de composition musicales par mail.

Comment arrivez-vous rallier votre métier de musicien et votre vie privée ?

Bien qu’être artiste, cela soit un vrai métier où l’on investi presque tout son temps, son énergie… on y multiplie trouve aussi beaucoup de plaisir. Aussi pour moi la musique c’est en même temps ma vie. Je ne saurai mettre une différence entre ma vie et ma musique. Je fais la musique partout et en tout moment… Je m’organise et j’essaie de bien gérer mon temps et de donner à chaque partie ce qu’il faut.

Quelle relation y a-t-il entre Oneil Biatti et les autres artistes togolais ?

J’entretien de très bonnes relations avec mes collègues artistes. Soit par simple amitié, soit à travers des « featurings » ou encore en leur composant des chansons. J’ai déjà fait des compositions pour d’autres artistes dont Haroy et Adjo’a Sika sont les plus récents.

Quel est votre secret musical ?

Comme vous l’avez si bien dit, un secret reste un secret et quand on en parle c’en est plus un ! Néanmoins je vous donnerai une petite astuce : le travail.

Oneil Biatti est-il inscrit au Bureau Togolais du Droit d’Auteur (BUTODRA) ?

Oui ! J’y suis inscrit depuis l’année 2006 sous le numéro 500/130.

Le ministère de la culture et des loisirs a changé de peau. Un homme cède le fauteuil à une femme. Qu’est-ce que cela vous dit ?

Ça ne me dit rien de particulier ! On verra bien comment les choses vont évoluer. En effet ce n’est pas la personne qui est en charge du ministère qui importe mais, ses projets et sa détermination.

Un artiste togolais peut-il vivre de son art ?

J’ai l’habitude d’être face à cette question et j’aimerais que nous comprenions une chose, il n’y a aucun pays au monde où chaque artiste vit automatiquement de son art… Certes les conditions et les situations sont plus favorables dans certains pays que dans d’autres, mais la réussite d’une carrière artistique est fonction de plusieurs paramètres. Au début, l’on peut être enclin à manquer de confiance en soi, à douter, avoir envie de lâcher prise… Il ne faut pas perdre de vue que dans ce métier et comme toute profession, il y a des hauts et des bas. Sans soutien moral, ni financier, il est très difficile de perdurer en tant qu’artiste.

Quelle est votre ambition ?

Mon ambition est d’arrivé à faire connaitre ma musique et à avoir mon identité sur la scène nationale et ensuite sur la scène mondiale. Devenir un artiste accompli.

Un mot de fin.

Juste convier tout le monde à écouter la musique que je fais. Ecouter et réécouter. M’essayer, c’est m’adopter.

Je jette aussi des fleurs à la rédaction de ce site, un portail culturel si particulier et qui n’a de cesse de faire la promotion de nous autres, artistes.

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