Le week-end dernier, Faure Gnassingbé était au camp de Temedja où il a rejeté les torts causés lors des manifestations à l’opposition togolaise. Il en a profité pour demander à l’armée de faire preuve de responsabilité pour ne céder à aucune tentation. « Ceux et celles qui organisent ces manifestations portent la lourde responsabilité des victimes que les participants ont faites et des dégâts qu’ils ont causés », a déclaré Faure Gnassingbé. Cependant, depuis vendredi dernier qu’il a tenu ce discours, cela provoque un tollé. Des voix s’insurgent contre lui, des internautes s’en moquent comme l’an quarante. L’ASVITTO se met dans la danse pour apporter un recadrage à ce discours qui n’est pas le bienvenu dans ces temps de crise sociopolitique exacerbée par la grève des enseignants, du personnel soignant et le reste.

DECLARATION DE L’ASVITTO RELATIVE AU DISCOURS DU CHEF DE L’ETAT ADRESSE AUX MILITAIRES LORS DE SON PASSAGE AU CAMP MILITAIRE DE TEMEDJA.

L’ASVITTO condamne avec fermeté ces propos et convie le Président de la République à tenir des discours d’apaisement dignes d’un père de
famille d’une nation en crise.Dans l’histoire de la nation Togolaise, il est écrit dans l’article 58 de la loi fondamentale relative au Pouvoir Exécutif que : « Le
Président de la République est garant de l’unité nationale ». Cette disposition constitutionnelle confère l’obligation au Chef de l’Etat
de se mettre au dessus de la mêlée et donc se garder de toute position tendancieuse qui est de nature à apporter des divisions profondes ou
dangereuses à la paix sociale entre les différentes composantes de la
Nation Togolaise.
Cependant, l’ASVITTO trouve indigne voire dangereux le discours du
Chef de l’Etat tenu le vendredi 11 novembre 2017 et relatif à la mort
déplorable de deux militaires dans la ville de Sokodé consécutive à
l’arrestation de l’Imam de la Mosquée centrale de la ville. Tout en
rappelant que c’est dans une grande consternation que l’ASVITTO a
accueilli ce douloureux incident qui a occasionné les décès du Sergent
HELIM Akle-Esso, du Caporal-chef ATCHAM-NATCHAMBA Simti et de
plusieurs autres personnes civiles, elle renouvelle une fois encore ses condoléances à toutes les familles éplorées, aux partis politiques
de l’opposition et également aux Forces Armées Togolaises (FAT).
Revenant à cet effet au discours du Chef de l’Etat tenu devant les
militaires et faisant allusion exclusivement à la mort des militaires, loin d’apporter l’apaisement et la paix indispensables pour le pays en cette période de crise, il vient aggraver la situation, car en lieu et place des paroles d’union et la réconciliation attendues, le chef de famille de la nation Togolaise par ses propos a semé encore la division pour des fins inavouées et l’on peut se permettre de croire que le Gouvernement tirerait son profit dans la division plutôt que
dans l’union et l’entente entre les militaires et les populations
civiles, tous membres de la nation Togolaise.
En martelant que « les assassins des deux militaires tués sont
activement recherchés et seront châtiés conformément aux lois en
vigueur au Togo », ce qui est normal et n’a d’ailleurs pas besoin d’être annoncé dans un pays de droit; le Chef de l’Etat par cette annonce semble disculper et innocenter les auteurs des assassinats des
personnalités civiles (au moins 13) décédées sous les balles des
militaires depuis le 19 août 2017.
Cette prise de position du Président de la République vis-à-vis de
l’évolution actuelle de la crise politique dans le pays est inacceptable et l’ASVITTO condamne avec fermeté ces propos qu’elle
juge indignes et belliqueux et qui sont de nature à exacerber la tension actuelle dans le pays.
Eu égard à cela, L’ASVITTO invite le Chef de l’Etat et tous les membres du Gouvernement, ainsi que tous les leaders de l’opposition à la retenue et les convie tous à tenir des propos responsables qui vont
dans le sens de l’apaisement et de l’unité nationale. Elle demande
également aux forces de l’ordre, de sécurité et de défense à préserver
les vies humaines dans l’exercice de leur fonction conformément à la
Constitution Togolaise et aux recommandations de l’Examen Périodique
Universel (EPU).
Par ailleurs, elle interpelle les autorités judiciaires à œuvrer pour
une confiance des populations vis-à-vis de la Justice Togolaise en vue
de combattre efficacement la vindicte populaire.
Quant aux circonstances qui ont entrainé le décès des deux militaires
et d’autres personnalités civiles, seule une enquête internationale et
indépendante peut situer l’opinion car aucun citoyen Togolais ne fait
confiance à une justice qui est aux ordres et orientée selon les
intérêts d’une minorité de personnes.
L’ASVITTO exige du Gouvernement le retrait réel, total et définitif des miliciens de toutes les activités politiques, la cessation de la torture et des violences orchestrées par les militaires sur les populations de Sokodé, Bafilo et Mango, la protection des Défenseurs
des droits de l’homme sur toute l’étendue du territoire national, la libération des trois (3) acteurs de la société civile du Mouvement Nubuéké et aussi la mise en œuvre des mesures sérieuses, populaires et salutaires qui permettront un climat de confiance pour un dialogue franc et sincère entre les acteurs politiques pour une sortie de
crise.
Enfin, l’ASVITTO invite toutes les populations Togolaises à rester fortement mobiliser contre l’injustice sociale criarde en vue de défendre les valeurs et causes communes dans l’intérêt des générations présentes et à venir.

Fait à Lomé, le 12 novembre 2017
Pour l’ASVITTO
Le Président
M. ATCHOLI KAO Monzolouwè